Pour construire avec le climat, rien de mieux que d’échanger avec un gestionnaire immobilier dès la conception

Même si la conception et l’exploitation d’un projet sont intimement liées, elles sont trop souvent réfléchies indépendamment l’une de l’autre. C’est pourquoi nous désirons mettre en valeur l’expérience des gestionnaires immobiliers, qui sont aux premières loges des répercussions engendrées par les mesures de lutte et d’adaptation aux changements climatiques élaborées sur la planche à dessin.

Dans le cadre du projet Construire avec le climat, des développeurs et des gestionnaires immobiliers se sont rencontrés afin de discuter d’éléments clés pour prendre de meilleures décisions. Voici un condensé de leurs échanges avec les gestionnaires d’un HLM à Gatineau, du Coteau Vert à Montréal et des Habitations Trentino à Québec, qui, nous l’espérons, vous donneront vous aussi envie d’échanger avec vos parties prenantes.

Donner la priorité aux mesures passives

Pour apporter de la fraîcheur pendant les fortes chaleurs en été, il existe plusieurs mesures passives et simples à mettre en place : toiture blanche ou végétalisée, plantations d’arbres à fort déploiement pour l’ombrage des façades, logements traversants, etc.

Il est avantageux de leur donner la priorité, car :

• Les occupants n’ont rien à faire! Aucun suivi, aucune action. C’est un avantage considérable, quand on sait que les mesures actives ou technologiques peuvent être contre-productives si elles sont mal comprises ou inconnues des occupants;
• Elles diminuent les besoins de mesures actives complémentaires tout en augmentant leur efficacité, comme pour la climatisation;
• Elles sont moins onéreuses à moyen et long termes et permettent ainsi d’investir dans d’autres mesures de lutte et d’adaptation aux changements climatiques.

Installer ou non un système de climatisation?

Dans un contexte de réchauffement climatique, nombre de gestionnaires immobiliers constatent l’installation, parfois par les occupants eux-mêmes, de systèmes de climatisation aux fenêtres, en façade ou en toiture d’immeubles. Outre les nuisances visuelles, sonores et d’isolation (infiltration d’eau, par exemple), ces équipements sont souvent peu performants selon leurs conditions d’installation et engendrent une hausse de la consommation et de la facture énergétiques ainsi que des coûts d’entretien.

Pour remédier à cette situation, il est possible de réduire, voire de s’affranchir totalement de l’utilisation des systèmes actifs de rafraîchissement de l’air ambiant dans les nouveaux bâtiments comme dans le bâti existant.

Certes, la conception bioclimatique en prenant en compte le positionnement du nouveau bâtiment en fonction de l’ensoleillement et de l’ombrage, la ventilation naturelle et en intégrant de nombreux autres paramètres permet de répondre efficacement à cette problématique.

Pour les bâtiments existants, plusieurs solutions alternatives aux systèmes actifs de rafraîchissement (vitrages avec filtres solaires et pare-soleils, etc.) existent. Un dialogue entre occupants, gestionnaires et propriétaires d’immeubles est une des clés de réussite pour permettre l’étude au cas par cas et faire le choix de la solution appropriée.

Confort thermique en toutes saisons

Les gestionnaires immobiliers rappellent combien l’isolation thermique du bâtiment est importante tant pour le confort des occupants que pour les économies d’énergie, aussi bien en été qu’en hiver.

Pour améliorer l’isolation thermique du bâtiment, les gestionnaires immobiliers insistent sur la nécessité de réduire dès la conception les ponts thermiques et d’installer du triple vitrage. En revanche, cette dernière option présente un coût initial encore élevé et le retour sur investissement est long. Pour prévenir les inconvénients liés aux ouvertures de fenêtres par les occupants du bâtiment, ils conseillent également d’installer un système de ventilation performant avec récupération de chaleur et détecteur d’humidité.

Informer les occupants

Les gestionnaires immobiliers sont unanimes : informer et sensibiliser les occupants au fonctionnement des équipements et aux gestes écologiques fait une différence majeure, autant pour le bon fonctionnement des équipements et la consommation énergétique que pour le confort ressenti.

Quelques exemples de sujets à aborder avec les occupants d’immeubles sont regroupés dans le Guide du locataire avisé «Chez-moi» d’Écobâtiment.

Innovez dans vos partenariats

Ces échanges avec les gestionnaires immobiliers nous rappellent une fois de plus que la meilleure solution pour la lutte et l’adaptation aux changements climatiques est de s’entourer de spécialistes.

Vivre en Ville rapporte quelques exemples :

• Un développeur a fait appel à l’Institut national de santé publique du Québec (InspQ) pour évaluer l’efficacité des mesures de lutte contre les îlots de chaleur urbains et être guidé dans ses choix;
• Un autre a pu compter sur le soutien de l’Université Laval pour le mesurage post-occupationnel des performances du bâtiment;
• Un troisième a reçu une aide du Fonds de solidarité FTQ pour son projet de formation de la main-d’œuvre qualifiée à certaines techniques novatrices de mise en œuvre.

Retrouvez les entrevues de plusieurs développeurs immobiliers, accompagnés par Vivre en Ville, sur notre blogue afin d’en apprendre davantage.