Comment assurer la santé et le confort des occupants, même pendant les vagues de chaleur ?

Au Québec, la température pourrait augmenter de 7° entre 2041 et 2070 seulement . Les bâtiments, mais aussi leurs stationnements, peuvent accentuer localement le phénomène d’îlot de chaleur, il est donc incontournable d’en tenir compte dans les projets immobiliers pour atténuer les conséquences néfastes sur la santé des occupants, qu’ils soient vulnérables ou non !

Qu’est-ce qu’un îlot de chaleur urbain ?

Il s’agit d’un secteur urbanisé où les températures sont plus élevées: la différence avec les secteurs environnants peut atteindre jusqu’à 12°C ! Les causes sont variées mais plusieurs parmi les principales sont directement liées à la façon dont sont aménagés les milieux de vie : minéralisation des surfaces, manque de couvert végétal et de points d’eaux de surface, etc. À l’échelle des bâtiments, les matériaux extérieurs de couleur sombre emmagasinent la chaleur et la rediffusent, contribuant ainsi au phénomène. Les climatiseurs sont également loin d’être une solution optimale, car ils rejettent la chaleur aux abords directs du bâtiment en plus de consommer de l’énergie pour leur fonctionnement.

Il existe de nombreuses solutions pour offrir de la fraîcheur, et donc du confort, aux occupants durant l’été, notamment en évitant d’emmagasiner ou de produire de la chaleur.

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Source: INSPQ

Développeurs immobiliers : pourquoi passer à l’action dans vos projets ?

  • Créer des îlots de fraîcheur facilite l’intégration du projet au sein du quartier et accroît son acceptabilité sociale grâce aux bénéfices dont peuvent profiter les voisins.
  • Les espaces extérieurs plantés et dépourvus d’appareils de climatisation sont plus agréables et attrayants, et ils offrent aussi un environnement sonore paisible pour les occupants.
  • Les mesures passives de rafraîchissement ne nécessitent aucun apprentissage de la part des habitants, permettent de diminuer le montant des factures d’électricité et évitent les coûts de maintenance d’appareils de climatisation.
  • Les mesures passives fonctionnent en tout temps, ce qui augmente la résilience du bâtiment face à certains aléas climatiques et d’éventuelles coupures de courant par exemple.

Chiffres clés pour comprendre et communiquer

45 % de la population

ressent des symptômes importants de santé physique ou mentale en période de canicule au Québec.

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20% à 30 % :

c’est la probabilité supplémentaire de mourir d’une canicule pour les personnes résidant dans un îlot de chaleur dans une ville comme Montréal.

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12% de la population

consultera un professionnel de santé lors des fortes chaleurs.

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Pendant une journée ensoleillée de 26 °C,

un toit foncé peut atteindre jusqu’à 80 °C, un toit blanc, 45 °C et un toit végétal, 29 °C.

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Un arbre mature a un effet refroidissant

équivalent à environ cinq climatiseurs fonctionnant 20 heures par jour.

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100 m2 d’espaces verts arborés

permettent de rafraîchir l’air de 1°C dans un rayon de 100 mètres.

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Explorer les solutions
pour décupler les apports de fraîcheur

Bonnes pratiques

  • Conception bioclimatique avec un ratio mur-fenêtre qui modère le gain solaire en été.
  • Pare-soleil ou écrans fixes ou amovibles (auvent, volets, etc.) au-dessus des principales ouvertures.
  • Installation de persiennes à l’intérieur qui font écran à la lumière sans être sensibles à la brise.
  • Débords de toits pour protéger du soleil estival les murs exposés.
  • Plantation d’arbres à grand déploiement devant les murs exposés au soleil.
  • Isolation thermique optimale : enveloppe isolante et étanche, vitrage double ou idéalement triple.

Les Allées de Bellevue à Québec

L’implantation et l’orientation des trois bâtiments de ce projet permettent de maximiser l’accès à la lumière naturelle, tout en contrôlant l’apport solaire grâce aux nombreux arbres matures présents dans les cours partagées. Une isolation supérieure des murs et des toitures permet par ailleurs d’optimiser les performances thermiques des logements. Au-delà de ces mesures, les bâtiments comportent des toitures blanches et des revêtements clairs sur les façades sud-est pour éviter les surchauffes.

img Source: Vivre en Ville

Bonnes pratiques

La végétation et les sols humides ont des capacités de rafraîchissement grâce à plusieurs processus, notamment l’ombrage, l’évapotranspiration et l’évaporation. Plusieurs solutions existent :

  • Plantation d’arbres matures (ou à gros calibre) pour un effet d’ombrage rapide;
  • Végétalisation des cœurs d’îlots, des pourtours des bâtiments et des aires de stationnement (pavés alvéolés);
  • Toitures végétalisées (intensive ou extensive) et murs végétalisés;
  • Réduction de la surface dédiée au stationnement pour végétaliser au maximum les espaces extérieurs (stationnement en souterrain, taille et nombre de cases réduites, etc.) ;
  • Gestion durable des eaux pluviales (revêtements perméables, jardins pluviaux, noues, etc.).

Revitalisation de Val Martin - Phase 1 à Laval

Pour éviter d’accentuer la chaleur estivale vécue par les habitants, les espaces minéralisés ont été limités avec notamment le report des stationnements en sous-sol pour maximiser les espaces végétalisés. Les toitures, rares espaces imperméables restants, sont blanches pour éviter de créer des îlots de chaleur indésirables. De plus, afin de procurer immédiatement les bénéfices des espaces verts aux habitants, ce sont des arbres matures qui ont été plantés pour leur canopée augmentée.

img Source: Aedifica Consultez le cas >

Bonnes pratiques

  • Éclairage naturel des espaces intérieurs.
  • Orientation solaire du bâtiment pour optimiser l’ensoleillement.
  • Appareils électriques et électroménagers à faible consommation énergétique certifiés ENERGY STAR.
  • Utilisation prévue de stratégies passives, comme les cordes à linge.

Coop Le Coteau Vert à Montréal

Des cordes à linge ont été installées au sein de ce bâtiment comptant 95 logements communautaires destinés aux familles. Elles permettent de réduire l’énergie (et la chaleur) produite par les sécheuses. Ce projet comporte par ailleurs de nombreuses stratégies de lutte contre les îlots de chaleur : toiture blanche dont la structure est renforcée pour faciliter l’éventuelle installation d’un toit vert, logements traversants qui facilitent la ventilation naturelle, etc.

img Source: Vivre en Ville Consultez le cas >

Bonnes pratiques

  • Ventilation naturelle optimisée grâce à des logements traversants et de grandes ouvertures donnant sur les espaces verts.
  • Ventilation hybride, incluant une ventilation mécanique pour tempérer les habitations lorsque la ventilation naturelle ne suffit plus.
  • Puits canadiens et système de géothermie, si adapté au projet.
  • Éviter l’effet de canyon (bâtiments très hauts et massifs bordant des rues étroites pour ne pas emprisonner la chaleur).

Les Habitations Sainte-Germaine-Cousin à Montréal

La climatisation a constitué un réel enjeu pour le projet. Si elle s’avère nécessaire pour assurer la santé et le confort de ses occupants vulnérables, elle participe à augmenter le bilan carbone du projet et constitue un poids financier non négligeable tant au niveau de la construction que de la gestion. Il a ainsi été choisi de ne climatiser que les parties communes de ce projet. L’alimentation du système de climatisation par la géothermie permet par ailleurs de diminuer l’effet d’îlot de chaleur urbain souvent amplifié par des systèmes de climatisation standard.

img Source: Rayside Labossière Consultez le cas >

Bonnes pratiques

  • Matériaux de couleurs pâles, à fort indice de réflectance solaire (IRS) ou albédo, c’est-à-dire qui réfléchissent la lumière du soleil plutôt que de la stocker.
  • Pour les façades les plus exposées au soleil : matériaux poreux et de couleur claire (bois, béton poreux, etc.).
  • Pour les toitures : membrane imperméabilisante blanche, matériaux peints de couleur blanche ou recouverts d’un enduit réfléchissant à fort IRS (>78).

Arrondissement de Rosemont - La-Petite-Patrie à Montréal

Les toitures blanches sont obligatoires dans l’arrondissement de Rosemont – -La-Petite-Patrie depuis 2011. Contrairement à une toiture goudronnée ou de couleur foncée, une toiture blanche a le potentiel de réduire la chaleur ambiante et le phénomène d’îlot de chaleur urbain, en reflétant la chaleur plutôt qu’en l’absorbant. Il ne faut toutefois pas oublier de tenir compte des bâtiments environnants pouvant surplomber la toiture blanche, car cette dernière peut s’avérer éblouissante.

img Source: Google Satellite

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S’outiller pour mieux lutter contre les îlots de chaleur

  • Grâce à cette carte préparée par l’INSPQ, il est possible de repérer si un projet se situe dans un secteur fortement concerné par le phénomène d’îlot de chaleur. Attention, ce n’est pas parce qu’il ne l’est pas que des mesures préventives ne sont pas importantes !

  • L’Atlas de la vulnérabilité préparé par l’Université Laval renseigne sur la distribution géographique des inégalités sociales face aux vagues de chaleur.

  • Un document de l’INSPQ recense différentes mesures de lutte contre les îlots de chaleur urbains.

  • Le site Mon climat, ma santé, préparé par l’INSPQ, fait le lien entre les changements climatiques, les îlots de chaleur urbains et les impacts sur la santé.

  • Le guide produit par le Centre d’écologie urbaine de Montréal donne aux gestionnaires de logements sociaux des outils concrets et facilement applicables pour lutter contre les îlots de chaleur urbains.

  • Dans la vidéo et les fiches sur la densification Verte, Vivre en Ville présente des bonnes pratiques pour intégrer des mesures de verdissement, entre autres pour lutter contre les îlots de chaleur urbains, dans les projets immobiliers.